Les 9, 10 et 11 mai, le complexe sportif de la Morlande sera une nouvelle fois le terrain de jeux des championnats de France de fléchettes électroniques. Ainsi, ce sont près de 400 joueurs venus de toute la France qui vont s’affronter pendant trois jours dans la sous-préfecture de l’Yonne. À rêver d’accomplir un 9-Darter, la manche parfaite.

Confidentielles sur lecontinent, les fléchettes – qu’elles soient traditionnelles ou sur cible électronique – font pourtant l’objet d’un véritable culte outre-Manche. « En France, les fléchettes sont considérées comme un simple jeu, alors qu’en Grande-Bretagne, c’est un sport à part entière, aussi médiatisé que le football ! »,expliqueJean-Jacques Pani, organisateur pour la deuxième fois en trois ans des championnats de France dans sa ville d’Avallon. Si la pratique était jusqu’alors réservée à un public d’initiés, elle connaît un engouement hors du commun depuis qu’il y a quelques mois, un jeune homme de 17 ans à peine, Luke Littler, devenait champion du monde en terrassant la légende absolue, Michael Van Gerwen. Accumulant des centaines de milliers de livres sterling et de followers, ce prodige, dont l’impact économique sur la discipline est, selon les observateurs, comparable à celui de Tiger Woods dans le golf, attire dans son sillage de nouveaux pratiquants plus jeunes, insufflant aussi un vent de renouveau. Président de la fédération f rançaise de la discipline, l’opérateur bourguignon qui exploite les cibles installées dans les bars et organise les compétitions dans le sud de l’Yonne et le nord de la Côte-d’Or est témoin de ce phénomène. Lors de la saison prochaine, une vingtaine de licenciés supplémentaires devraient rejoindre le championnat départemental. « C’est un sport accessible au plus grand nombre, qui demande simplement de la concentration et de la précision. Il est possible de débuter avec du matériel peu coûteux. » D’autant qu’après avoir été longtemps dominée par les fédérations du Nord, des Ardennes et de l’Alsace, l’Yonne fait à présent partie des places fortes de la cible anglaise – à ne pas confondre avec l’insignifiante « cible américaine » – puisqu’elle compte parmi ses rangs le champion de France en titre, David Bagrowski Junior, ainsi que plusieurs joueurs classés. Après Phalsbourg (Moselle) l’an dernier, Avallon accueillera donc ses championnats de France avec ambition.

Une ambiance festive

Outre la compétition à laquelle il s’est engagé en individuel, en doublette et en équipe, Jean-Jacques Pani s’apprête à relever un tout autre défi : accueillir 500 personnes par jour, dont 400 joueurs, aux portes du Morvan. Cela représente 500 visiteurs qui vont dormir, manger et festoyer sur place durant ce long week-end. « Toutes les chambres d’hôtel et les gîtes aux alentours d’Avallon sont d’ores et déjà réservés », explique le chef d’entreprise de 32 ans, qui dispose d’un budget de 10 000 € et d’une quinzaine de bénévoles pour l’organisation de l’événement. « Nous avons aussi la chance de pouvoir compter sur la municipalité, qui nous a toujours soutenus dans cette initiative. » Des aficionados venus du Pas-de-Calais, de Touraine ou encore du Lyonnais se retrouveront lors de cette grande messe où il ne sera question que de « 180 », de « Finish » et de « Bull ». « Lors de la précédente édition, en 2023, une soixantaine de fûts de bière ont été écoulés, et le food-truck que nous avions sollicité a vendu en moyenne 200 burgers et 200 pizzas par jour… », se souvient « JJ ». Un événement qui avait marqué les esprits.