Entreprendre dans l’Yonne n°6
«Le téléphone ne sonne plus ». C’est par ces mots que, début mars, Sébastien Martin, président des Intercommunalités de France et du Grand Chalon alertait sur la stagnation des projets de réindustrialisation, cause portée par le Président de la République et appelait le gouvernement à « réaff irmer son engagement » face à une économie attaquée de toutes parts : absence pendant plusieurs mois de budget, conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale en Juillet 2024, contexte géopolitique russo-ukrainien, et plus récemment, bras de fer engagé avec le président américain Donald Trump qui oblige l’Europe à revoir à la fois sa politique économique mais aussi sa doctrine de défense. Et les effets ne se sont pas faits attendre : les faillites d’entreprises en 2024 (66.000) ont atteint un pic inédit depuis la crise des Subprime de 2009, les nouvelles menaces sur les droits de douane aux USA font peser sur la viticulture – et particulièrement en Bourgogne – un risque historique.
Un sursaut est donc nécessaire. Ce sursaut, les TPE-PME qui représentent 35 % des emplois en France et les acteurs de l’industrie l’ont depuis longtemps engagé : innovation, révision des process, compétitivité, intégration éthique de l’IA à travers l’AI ACT européen, transformation environnementale, l’Europe n’a de cesse de se reposer sur les entreprises pour appliquer sa politique sociale et économique. Mais engagée dans la construction d’une Défense européenne, dans une guerre commerciale avec les USA, dans une économie de guerre, et dans un difficile équilibre entre souveraineté et mondialisation, l’Europe et la France vont devoir faire confiance et donner de la confiance aux acteurs de l’économie et aux territoires. C’est la condition sine qua non pour que le pays ne voit pas son tissu économique s’effondrer sous le poids des directives et des décisions politiques. Décentraliser la décision, s’inspirer des territoires étaient les objectifs du président Emmanuel Macron. Les récentes prises de position du Premier ministre et de soupirants à l’Élysée concernant le conclave des partenaires sociaux sur la réforme des retraites n’envoient pas un bon signal en matière d’autodétermination en rendant caduc tout accord à venir et en reléguant les acteurs concernés au rang de simples exécutants. Notre dossier consacré à la transmission des entreprises n’échappe pas à ce facteur international. Chaque année dans l’Yonne, 200 entreprises doivent changer de main (1.500 en Bourgogne). La récente loi sur la transmission des vignobles, le plan annoncé par la ministre des PME sont des signes de volonté positifs. Mais il y a une chose qui ne se décrète ou ne se planifie pas, c’est la confiance. Et si l’on parle souvent de la crise de l’emploi, et du recrutement, il ne faut pas négliger celle des dirigeants et des créateurs qui sont aujourd’hui confrontés à un brouillard économique sans précédent dans lequel les décideurs politiques seraient bien inspirés de se laisser guider.
Antoine Gavory, rédacteur en chef
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